La confiance en soi est l’une des choses les plus compliquées à obtenir et à garder et ce peu importe l’âge. C’est une entité fébrile qui mérite toute l’attention du professionnel de santé lorsqu’il se retrouve face à une personne présentant une faible confiance et estime d’elle-même.

Lorsque ce manque de confiance est omniprésent et se manifeste dans plusieurs domaines de la vie d’un individu, ce dernier peut chercher à le combler via la consommation de diverses substances: tabac, cannabis, alcool, … Ces substances lui donneront l’impression que sa souffrance diminue et qu’il prend confiance en lui « artificiellement ».

  • Quelles sont les problématiques qui reviennent le plus souvent durant vos consultations ?

Je vois beaucoup de mes patients qui présentent une problématique commune : le manque de confiance en soi.Ils expliquent avoir du mal à s’aimer et à s’apprécier. Ils se jugent sévèrement et ont du mal à estimer leur valeur. Cette problématique impacte leur quotidien et ce dans plusieurs domaines : professionnel, conjugal, social… Elle est rencontrée chez les non-fumeurs comme chez les fumeurs. Néanmoins, dans ce type de problématique, la substance addictive va venir combler ce « manque » et le remplir superficiellement car elle permettra de « rendre les choses plus agréables » (parole d’un patient).

  • Selon vous, quelle est l’origine de ce manque de confiance ?

La confiance en soi se construit par trois biais différents :

- La première étape est la famille.Lorsque l’on nait, le premier modèle que l’on a est le modèle familial. Il nous montre ce que sont les relations interpersonnelles, les conflits, les modes de communications… Si nous grandissons dans un environnement sain et aimant, cela va nous apporter une bonne base pour avoir confiance en nous.

- La deuxième étape apparaît au début de l'école secondaire, avec les pairs. Nous allons nous tourner vers des personnes qui nous ressemblent. C’est le cliché, mais bien vrai, des séries américaines avec les groupes d’adolescents qui se ressemblent de par leurs styles vestimentaires et leurs attitudes: sportifs, gothiques, geeks… Nous allons nous rapprocher de personnes qui ont les mêmes valeurs et goûts que nous, cela participer au sentiment d’unité. Ainsi, notre confiance en nous sera renforcée par nos amis, nos pairs.

- La dernière étape est celle de la des relations amoureuses.Notre famille et nos amis ont beau nous valoriser, il faut que l’on puisse être apprécié et aimé par quelqu’un qui nous plaît et nous attire sur le plan amoureux. Via les yeux de la personne que l’on aime, on va renforcer notre confiance en nous.
Si l’une des étapes est compliquée et ne se passe pas dans de bonnes conditions, cela va fragiliser la confiance que nous avons en nous et potentiellement créer des problèmes tout au long de notre parcours de vie.

 

  • Quels outils utilisez-vous en pratique pour vaincre le problème de confiance chez vos patients ?

Lorsque je rencontre ce type de problématique, j’utilise des outils issus des thérapies cognitives et comportementales.Je passe par beaucoup d’exercices pratiques: liste des qualités/défauts, projection dans la peau de quelqu’un d’autre (un ami, un super héros…) pour permettre au patient de se décentrer…

Je les questionne aussi sur leurs valeurs et l’importance qu’elles ont pour eux. Avant d’apprendre à s’aimer, il faut savoir qui l’on est. C’est la grande différence entre la confiance en soi (se connaitre) et l’estime de soi (la valeur que l’on se donne).

  • Avez-vous des conseils à mettre en pratique dans la vie de tous les jours ?

Dans la vie quotidienne, je donne des exercices à mes patients qu’ils doivent réaliser de manière quotidienne et qui se basent, en partie, sur la psychologie positive..

Je peux par exemple leur demander de lister, tous les soirs, une compétence dont ils ont fait preuve dans la journée: arriver à l’heure au travail, se préparer le matin, s’être baladé dans la journée… Cela va booster leur confiance en eux et les valoriser.

Auteurs :

Maud Tijardovic (Psychologue Clinicienne en addiction)

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